Vivre et préserver la nature exceptionnelle du Parc national des Cévennes

17/09/2025

Un parc modèle d’intégration entre l’humain et le sauvage

Contrairement à la majorité des parcs nationaux français, celui des Cévennes n’a pas érigé de frontière stricte entre la nature et l’homme : sur les près de 937 km² couverts par son cœur, vivent plus de 6 500 habitants (Parc national des Cévennes). Le parc se distingue par sa démarche de cohabitation harmonieuse : ici, traditionnellement, activités humaines et conservation de la nature s’entrelacent. On y encourage une agriculture douce, la réhabilitation de vieux murets en pierres sèches, la transhumance, l’apiculture ou encore les forêts pâturées. Ce choix même façonne des milieux diversifiés, refuges pour d’innombrables espèces.

  • 161 communes adhérentes en zone d’adhésion
  • 44 000 habitants dans la zone d’adhésion
  • 37% de la surface du parc classée “Réserve de Biosphère” par l’UNESCO

Le maintien du tissu rural vivant favorise la préservation de la mosaïque de paysages et le maintien de nombreuses espèces liées aux activités agro-pastorales.

Une biodiversité exceptionnelle, des espèces emblématiques

L’unicité du Parc national des Cévennes se mesure aussi à l’inventaire de ses richesses naturelles. On y recense :

  • 2412 espèces animales : dont plus de 1920 espèces d’insectes, 165 d’oiseaux, 70 de mammifères, 23 d’amphibiens et 22 de reptiles
  • 2 450 espèces de plantes supérieures, soit un tiers de la flore nationale métropolitaine (Espaces naturels)

Parmi les figures phares du parc :

  • Le vautour fauve, réintroduit dès 1981 sur les falaises calcaires
  • Le mouflon de Corse, introduit depuis les années 1950 et désormais partie intégrante du paysage
  • Le desman des Pyrénées, petit mammifère semi-aquatique quasi-invisible et menacé
  • Le très rare apollon du Cévennes, papillon endémique de ces montagnes
  • L’alyte accoucheur, ce crapaud dont le mâle porte, très Cévenol, les œufs en chapelets à ses chevilles

Plus de 200 espèces rares ou menacées figurent sur la fameuse Liste Rouge UICN, justifiant la rigueur du plan de protection local.

Des actions concrètes de conservation et restauration

Surveillance et suivi scientifique

Le parc s’appuie sur une équipe de techniciens, naturalistes, scientifiques et bénévoles pour suivre l’évolution des populations animales et végétales. Parmi les dispositifs phares :

  • Pose de balises et bagues pour le suivi des rapaces (vautours, milans royaux, percnoptères…)
  • Mise en place de placettes à traces, pièges photographiques pour la faune discrète (loutre, genette, cervidés)
  • Inventaires botaniques réguliers, suivis de la qualité des eaux et des zones humides
  • Etude du brame du cerf par enregistrements sonores nocturnes

L’utilisation de technologies de pointe (drones, géolocalisation GPS, capteurs automatiques, analyses génétiques) permet un suivi affiné, clé pour anticiper les évolutions parfois rapides de la biodiversité.

Gestion raisonnée des milieux

Le Parc favorise la restauration, l’entretien et la connexion entre les habitats naturels :

  • Lutte contre la fermeture des milieux ouverts par la repousse des friches grâce au pâturage et à la fauche extensive
  • Restauration de mares et zones humides essentielles aux amphibiens
  • Démantèlement d’anciennes routes ou sentiers pour reconnecter des zones forestières fragmentées
  • Seuils et passes à poissons créés sur plusieurs rivières (Tarn, Jonte, Tarnon) afin de faciliter la circulation des espèces aquatiques

Les plans de gestion forestière évitent monoculture et coupes rases, préférant une diversité d'essences locales et le maintien de vieux arbres, véritables « hôtels à biodiversité ».

Pari sur la réintroduction et la protection d’espèces symboliques

Le retour naturel du loup, certes objet de débats, illustre les équilibres subtils qui s'opèrent sur ces terres. D'autres espèces – le gypaète barbu par exemple, réintroduit depuis 2012 – sont suivies de près pour accompagner leur retour. Le parc s’emploie également à la création de corridors écologiques pour la petite faune et les insectes pollinisateurs grâce à la plantation de haies et à la préservation de prairies fleuries.

Préserver la biodiversité, un défi collectif et citoyen

Sensibilisation et éducation

Chaque année, le parc déploie une quarantaine d’animations tout public : balades naturalistes, expositions, ateliers scolaires, chantiers participatifs, etc. En 2022, plus de 7 000 personnes ont participé à ces activités de sensibilisation biologique (Rapport d’activité PNC 2022). Les enfants sont fortement impliqués via le programme « École du Parc » : découverte en milieu naturel, interventions de naturalistes, projets d’inventaire participatif…

Accompagnement des bonnes pratiques agricoles et forestières

À contre-courant de la standardisation, le Parc national des Cévennes encourage les éleveurs, apiculteurs et agriculteurs locaux à rester fidèles à des pratiques respectueuses du vivant :

  • Soutien aux systèmes agricoles extensifs, labellisation "Valeurs Parc"
  • Pilotage de projets de restauration de vergers hautes tiges, culture et conservation de variétés fruitières oubliées
  • Subventions pour l’installation de ruches
  • Mise en réseau de producteurs utilisant peu ou pas de produits phytosanitaires

Ces modèles proposent un véritable rempart contre l’appauvrissement génétique observé dans beaucoup d’autres terroirs français intensifs.

Science participative et implication des habitants

Les villageois et les amoureux du territoire sont régulièrement appelés à contribuer à l’observation – et donc à la préservation – de la nature :

  • Envois de photos et signalement d’espèces sur la plateforme INPN Espèces
  • Participation au comptage national des oiseaux de jardins et des chauves-souris
  • Chantiers de nettoyage de ruisseaux ou de remise en état de sentiers

À l’été 2021, plus de 300 citoyens ont ainsi été formés à la reconnaissance des insectes pollinisateurs dans le cadre du programme « Sauvages de ma rue » (CBN Méditerranéen).

Un patrimoine mondial à protéger, des enjeux majeurs pour demain

Reconnaissance et vigilance

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011 pour ses paysages culturels vivants, le Parc national des Cévennes doit faire face à des menaces bien réelles : changements climatiques, déclin du pastoralisme, gestes invasifs, multiplication des feux de forêts (plus de 150 départs en 2022) ou encore pressions touristiques mal maîtrisées. La gestion des milieux face à la sécheresse – comme le maintien des zones humides et de la ressource en eau – devient une priorité.

Les espèces à enjeu fort sont étroitement suivies : le Pic à dos blanc, rare oiseau forestier dépendant des vieux boisements, ou encore l’osmonde royale, une fougère relictuelle des milieux humides.

Des leviers d’espoir

Dans ce décor grandiose, chaque saison prouve la capacité de résilience des Cévennes. L’apparition du castor sur plusieurs rivières, le retour de l’aigle royal sur les corniches du Méjean, ou l’extension des stations d’orchidées sauvages sur le Causse Méjean témoignent de la vigueur d’une nature capable de renaître, pour peu qu’on lui en donne les moyens.

Le Parc national des Cévennes continue de tisser, au quotidien, un lien indissoluble entre habitants, visiteurs, agriculteurs et chercheurs. Protection et valorisation n’y sont pas de vains mots : il s’agit d’offrir à ce territoire une chance de perpétuer, pour les générations à venir, la magie brute des paysages et la vie foisonnante de ses collines, forêts et vallées.