Explorer le Parc national des Cévennes autour de Florac : ce qu’il faut savoir sur la réglementation

02/10/2025

Le Parc national des Cévennes : territoire, fonctions, enjeux

Le Parc national des Cévennes est le seul Parc national français situé intégralement en moyenne montagne (ancré dans le sud du Massif central) et le seul en métropole à être habité dans sa « zone cœur ». Créé en 1970, il couvre aujourd’hui plus de 935 km² en « cœur » (source : Parc national des Cévennes), autour des villages de Florac, Le Pont-de-Montvert ou Meyrueis, et s’étend sur un périmètre d’adhésion de plus de 2 700 km².

Avec 68 % de forêts, plus de 2 400 espèces végétales (dont le plus grand nombre de plantes protégées de France métropolitaine), une faune remarquable (loups, cerfs élaphes, 225 espèces de papillons…), le site est reconnu Réserve de biosphère (UNESCO) depuis 1985 et inscrit au patrimoine mondial au titre de son paysage agropastoral (Causses et Cévennes, 2011).

Contrairement à d’autres Parcs nationaux, 20 000 habitants vivent à l’année dans la zone cœur : il ne s’agit pas d’une nature « hors-humain », mais d’un terroir vivant où l’activité humaine cohabite avec la préservation. C’est cet équilibre subtil qui structure la réglementation spécifique du parc.

Comprendre la zone cœur et l’aire d’adhésion : deux niveaux de règles

Difficile d’aborder la réglementation sans saisir la distinction capitale qui, ici, fait la loi :

  • Zone cœur : ce « noyau dur » du parc (signalé par des panneaux et balises spécifiques avec la fleur stylisée du parc) est soumis à une réglementation stricte.
  • Périphérie (aire d’adhésion) : l’espace entourant le cœur, moins contraignant, mais qui veille à une gestion concertée des paysages, du tourisme et du bâti.

À Florac et dans de nombreux sites emblématiques (Mont Lozère, Gorges du Tarn, causse Méjean…), les itinéraires de randonnée, villages et prairies dépendent parfois du cœur, parfois de l’aire d’adhésion. La vigilance sur les balisages et la signalisation est donc essentielle pour adapter son comportement.

Promenade, randonnée & circulation : ce qu’on peut (ou ne peut pas) faire

Le territoire invite à la contemplation… mais aussi à la prudence. Voici ce que dit le règlement :

  • Itinéraires pédestres : la marche à pied est autorisée partout, mais rester sur les sentiers balisés est une règle cardinale, pour préserver la flore et les habitats faunistiques.
  • VTT et vélos : en cœur, la circulation des vélos et VTT est strictement limitée aux routes et pistes ouvertes à la circulation publique. Les sentiers piétonniers sont interdits aux cycles (sauf mention spécifique).
  • Véhicules motorisés : totalement interdits en dehors des voies ouvertes à la circulation : tout passage hors route (y compris en quad, 4x4, moto) est passible d’amende.
  • Circulation de nuit : le cœur du parc, pour limiter le dérangement des espèces nocturnes, est interdit à toute circulation motorisée entre 22h et 6h, sauf riverains.

À savoir : même sur les « chemins ruraux », une signalétique ou une barrière indique toujours si la circulation est réglementée ou non.

Respecter la faune, la flore et la quiétude du parc : les interdictions essentielles

  • Cueillettes : dans la zone cœur, toute cueillette de fleurs, plantes, champignons ou baies sauvages est en principe interdite, même en petite quantité, sauf exceptions strictes (petiten graine de génépi, thym : interdit, myrtilles et châtaignes sur terrains privés : tolérées dans la limite de la consommation familiale).
  • Animaux domestiques : les chiens (même tenus en laisse) sont interdits en zone cœur, à cause de leur impact potentiel sur la faune et le bétail, sauf dérogations spécifiques pour les chiens de conduite de troupeau ou de secours.
  • Feux et barbecue : totalement proscrits en cœur du parc. Cela inclut : feux de camp, réchauds à bois, charbon, barbecues portatifs. Seuls les réchauds à gaz en situation de bivouac réglementaire sont tolérés hors période d’alerte incendie.
  • Drones et survol motorisé : l’usage de drones de loisir, ULM ou paramoteur est strictement interdit, sauf autorisation exceptionnelle de la Direction du Parc.
  • Dérangement de la faune : approcher, toucher, nourrir ou tenter d’attirer les animaux est passible d’amende (jusqu’à 750€ d’amende – article R331-46 du Code de l’Environnement).

Le bivouac : une réglementation d’équilibriste

L’expérience du bivouac attire de nombreux randonneurs. Mais ici comme ailleurs, elle suppose la discrétion et le respect du site :

  • Bivouac autorisé uniquement entre 19h et 9h sur certaines aires signalées, à plus d’une heure de marche de tout accès routier.
  • Tente légère et démontable : les « campements fixes » (camping sauvage, caravanes, camping-cars) sont totalement proscrits en cœur du parc.
  • Ramassage des déchets impératif : tout doit être emporté, y compris papier toilette et épluchures.
  • Feux interdits (voir plus haut).

Les sites officiels (voir Parc national des Cévennes) communiquent la liste des « zones de tolérance », régulièrement mises à jour. Se renseigner avant la rando est indispensable.

Activités sportives et loisirs : ce qui est permis… et ce qui ne l’est pas

Les Cévennes sont un terrain de jeu pour amateurs de sensations douces et immersion lente, mais attention :

  • Escalade, via ferrata, spéléologie : uniquement sur sites autorisés et équipés, après demande d’information en mairie ou à la Maison du Parc de Florac. Certaines grottes sont fermées pour protéger les chauves-souris.
  • Baigneurs et canoés : la baignade et les activités nautiques sont en général limitées dans le cœur du parc, sauf sur les tronçons de rivières signalés comme accessibles/le long du Tarn, de la Jonte ou du Chassezac en périphérie immédiate.
  • Survol : toute activité de parapente et d’aéronef motorisé est réglementée (plages horaires, autorisations spécifiques).

Pour toute sortie organisée par des prestataires locaux (compagnies de guides, centres d’activités), l’équipement et le choix du site sont validés en accord avec la charte du parc.

Des habitants acteurs du parc : un modèle unique en France

Le Parc national des Cévennes se distingue par la forte implication de ses habitants : ici, 44 communes de Lozère, Gard et Ardèche participent à la gestion et à l’orientation du parc (Charte 2013-2028). Éleveurs, forestiers, artisans, hébergeurs… tous prennent part aux instances et à la vie du parc, via des comités et groupes de travail. Cela explique que certaines traditions (pastoralisme, feu de la Saint-Jean, coupe du bois) soient compatibles avec la zone protégée, sous conditions précisément définies.

Ce partenariat quotidien rend aussi la réglementation souple sur certains points, mais intransigeante sur les questions de biodiversité ou d’espèces menacées. L’obligation de concertation prime, pour éviter la tentation du « parc-musée » et préserver la vie locale.

Des gestes simples, mais essentiels lors de la visite

  • Observer la signalétique spécifique du parc à chaque entrée/cheminement.
  • Anticiper sa visite en consultant les arrêtés temporaires (feux, sécheresse, accès restreints…) sur le site du parc ou auprès des Offices de Tourisme (Lozère Tourisme).
  • Privilégier les transports doux pour accéder aux sites d’intérêt : navettes, parkings-relais (en saison), covoiturage.
  • Respecter le silence, particulièrement au lever et au coucher du soleil, périodes d’activité intense pour la faune.
  • Prendre le temps de dialoguer avec les habitants ou gardes-moniteurs : la connaissance du parc passe aussi par l’échange.

Pour marcher léger et juste, dans un parc d’exception

Sillonner les abords de Florac et naviguer entre causses, crêtes et vallées, c’est accueillir un certain art de vivre la nature – discret, adapté, ouvert. Les règles spécifiques du Parc national des Cévennes ne sont pas des contraintes, mais des clés pour préserver l’esprit unique de ce territoire. Chaque geste compte : c’est cette attention collective qui permet à ce coin de Lozère d’être encore, malgré la fréquentation croissante (près de 800 000 visiteurs annuels), un havre pour le mouflon, la loutre, ou la linaigrette. Ici, la liberté se conjugue au respect, sans en ajouter dans les grands discours, mais toujours dans le quotidien des pas posés sur les sentiers.

Pour aller plus loin : consultez la Charte officielle du parc et le règlement général détaillé.

Sources principales : Parc national des Cévennes, INPN, Code de l’Environnement, UNESCO, Lozère Tourisme.